Chez Martha on ne tourne pas la dernière page ;
Elle ne ferme les yeux que pour dormir ;
Vous tendez le poing vers le ciel sans que cela gronde là-haut ;
C’est la vieillesse de l’inexplicable renouveau qu’aspire le toujours
Les siècles qui tentent de s’en inspirer en essayant de se consumer doucement ;
Quand Martha vous engloutit, c’est que vous l’aimez et qu’il est trop tard
Pour éteindre la flamme qui illumine le pinceau devenu flambeau.
Elle se lit toujours comme une première fois
Tous ceux qui l’ont connue s’en souviendront ;
Tous ceux qui la regardent ne peuvent l’oublier.
C’est la toile du maître devenu céleste qui n’a pas
Encore mis le dernier trait de pinceau.
Elle est immortelle là tout devant moi ;
Connaître Martha, c’est voir ce qu’elle regarde,
C’est comprendre la vie quand elle est absente,
C’est accepter de ne rien prévoir à l’avance.
Aimer Martha, c’est savoir à quoi elle pense ;
C’est exister en continu en croyant en soi.
C’est sentir en soi l’éternelle alliance, c’est trop parler aussi.
On peut y apercevoir enfin le réveil de l’homme ;
Celui qui la contemple rajoute à sa vie.
Martha a le regard de l’horizon de chacun et
Cela veut toujours dire quelque chose ;
L’ennui ne peut établir son domicile.
Son regard triste nous rappelle le genre humain,
C’est l’œuvre de la moralité, c’est la féminité fragile,
L’accomplissement de rien, la continuité de tout ;
Martha c’est la fidélité à la vie, c’est l’amour après la vie,
C’est mourir avec un bagage pour revivre la fin de l’éternité ;
C’est retenir ce qui devrait partir un jour ;
C’est toujours revenir, c’est faire des compromis avec la porte céleste.
C’est l’horloge des dieux ;
C’est tricher sur sa richesse pour tout garder ;
C’est vivre avec une compréhension secrète,
C’est vivre, vivre et vivre.
C’est penser comme personne avant, c’est aimer d’avantage ;
C’est le mariage des Mots et de l’Amour, c’est ne rien dire aussi ;
C’est tout donner dans un regard, c’est recevoir l’éclat de la sagesse.
Martha c’est le regard de toutes les femmes, c’est un horizon jamais apprivoisé.